Protection intégrée des Brassica : un groupe européen d’experts se penche sur la question

La protection intégrée des cultures est devenue une priorité en agriculture au sein de l’Union Européenne. Mais concrètement, avons-nous vraiment les moyens d’atteindre cet objectif aujourd’hui ? Quelle est la stratégie de l’Europe pour favoriser ce changement des pratiques agricoles ? Parmi les différentes actions mises en place, la création en 2013 du « focus group Brassica » a permis de réunir une quinzaine d’experts de différents pays européens pour avancer sur cette question.

Ce groupe réunit des experts issus de domaines variés et représentant les différents niveaux du monde agricole : chercheurs de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée, conseillers, …

Deux experts français participent à ce groupe : Xavier Pinochet, du CETIOM et Sonia Hallier, de Vegenov. Vianney Estorgues, de la chambre d’agriculture du Finistère, et Damien Penguilly, de la station expérimentale du Caté, ont également contribué pour la partie Brassica « légumes ».

Magnifying glass. Loupe on white backgroundCe groupe de travail a pour objectifs :

  • d’identifier les problématiques prioritaires par culture et par pays ;
  • d’identifier les solutions actuellement mises en place par les agriculteurs ;
  • de faire un état des lieux des recherches en cours ;
  • de réfléchir aux actions à mener, notamment dans le domaine de la recherche ;
  • de diffuser les résultats du groupe vers les différents acteurs du domaine (producteurs, techniciens, conseillers, chercheurs, semenciers, firmes phytosanitaires,…)

Lors de l’état des lieux, il a été constaté qu’en termes de problématiques sanitaires majeures, la situation entre les légumes et les oléagineux est très différente : alors que les problématiques semblent communes sur oléagineux au niveau des différents pays, c’est tout le contraire pour les légumes. Pour ces derniers en effet, les bioagresseurs sont le plus souvent spécifiques des cultures (chou, chou-fleur, brocoli,…) et spécifiques des pays.

Les problématiques sanitaires semblent plus importantes dans les pays et régions où l’on trouve à la fois oléagineux et « Brassica légumes » et où les rotations sont très courtes. C’est notamment le cas en Angleterre.

En termes de solutions utilisées par les agriculteurs aujourd’hui, il existe peu de différences entre pays. L’utilisation des produits phytosanitaires reste souvent majoritaire en l’absence de solutions alternatives suffisamment efficaces et faciles d’utilisation.

Des travaux de recherche sont actuellement en cours dans certains pays, notamment en France, afin d’apporter des stratégies de protection intégrée utilisables par les producteurs. On peut notamment citer les travaux sur les résistances variétales, qui sont souvent réalisés au sein de consortiums privés ou en interne par les semenciers.

Le groupe de travail a identifié différentes pistes de recherche qui devraient permettre de favoriser la mise en place de la protection intégrée des Brassica. Parmi celles-ci, on peut trouver :

  • coccinelle et colzal’intensification des efforts pour trouver des résistances durables (résistances partielles) ;
  • le développement d’outils d’aide à la décision (modèles de risque) et d’outils de monitoring du pathogène (résistance aux fongicides, contournement de résistance,…) ;
  • la recherche de synergies entre solutions alternatives complémentaires comme la résistance variétale partielle et l’utilisation de produits de biocontrôle ;
  • une communication auprès des acteurs du terrain, y compris des producteurs, pour accéder à leur expérience et leurs idées sur les stratégies à envisager pour lutter contre les bioagresseurs de leurs cultures.

Ces actions pourront être menées au niveau national, voire régional au travers des groupes opérationnels, mais également au niveau international au travers des projets Horizons 2020.

De nombreux experts et producteurs sont actuellement moteurs du changement dans les différents pays d’Europe. On peut donc espérer que des solutions concrètes puissent voir le jour dans un futur proche, notamment grâce aux échanges et projets collaboratifs impliquant l’ensemble des acteurs.

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coccinelle et colza © jerome bono – Fotolia.com
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Ce billet a été rédigé par Hallier
Sonia a quitté Vegenov. Pour toute question relative à ce billet, Marie Turner, nouvelle responsable de l’équipe de pathologie végétale, se fera un plaisir de vous répondre.