Plantes de demain : des usines à vaccins pour l’humain ?

Afin de pallier les problèmes de disponibilité en vaccins en cas de pandémie, une entreprise de biotechnologie québécoise a développé et breveté une technologie innovante pour produire dans des plantes des particules pseudo-virales. Cette société propose ainsi des vaccins antigrippaux à des coûts compétitifs et dans des délais de production courts.

Faire produire des vaccins humains rapidement et en grande quantité par des plantes ? Il ne s’agit pas du scenario du prochain film de science-fiction de Steven Spielberg mais bel et bien d’une réalité ! Afin de pouvoir faire face à des situations de pandémies fulgurantes, telle que celle provoquée par la grippe H1N1 en 2009, Medicago, une compagnie de biotechnologie québécoise, a développé et breveté un procédé innovant de production de vaccins à la fois rapide, flexible et robuste, par des plants de Nicotiana benthamiana, une espèce proche du tabac.

Ce procédé est basé sur l’introduction, via un vecteur bactérien (Agrobacterium tumefaciens), d’un fragment d’ADN recombinant au noyau des cellules végétales. Cependant cet ADN transféré ne s’intègre pas à l’ADN de Nicotiana benthamiana ; il ne s’agit donc pas de plantes transgéniques. Une fois transféré au noyau des cellules végétal, cet ADN recombinant « autonome » portant le gène viral d’intérêt est transcrit (on parle d’expression transitoire) et aboutit à la production de particules pseudo-virales (PPV) qui ressemblent à des virus mais qui ne sont pas infectieuses et peuvent donc être utilisées pour la vaccination humaine. Une fois injectées dans le corps humain, ces PPV vont en effet stimuler le système immunitaire et conduire à la production d’anticorps.

 

process

 

En comparaison aux systèmes de production de virus inactivés basés sur les œufs ou les cultures de cellules, ce procédé innovant utilisant le système d’expression transitoire chez les plantes, a l’avantage d’être simple à mettre en œuvre et d’avoir un délai de production court (une semaine après introduction du vecteur bactérien dans les plantes).

Le procédé innovant de production de vaccins humains par des plantes, développé par la société Medicago, est un exemple performant d’utilisation des biotechnologies végétales. Ils ont su tirer parti de la capacité des plantes à réaliser une expression transitoire pour produire des particules pseudo-virales utilisables comme vaccins antigrippaux, sans avoir recours à la transformation génétique et la production de plantes génétiquement modifiées. Cette biotechnologie devrait permettre, à terme, un accès à la vaccination antigrippale, y compris dans les pays en voie de développement.

logo_medicagoAujourd’hui, la société Medicago compte 262 employés, 178 au Canada et 84 aux Etats-Unis. Elle a également installé un laboratoire de R&D en France sur le site du Genopole d’Evry.

 

 

Crédits photos :
Syringe with a plant © jpgon
dna chain vector icon © quka
Illustration of a bilogical leave symbol in three test glasses © Thomas R.
tobacco plant © Vasiliy Koval
Pharmaceutical water treatment system © Kadmy
Vaccine © Anton Gvozdikov
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Ce billet a été rédigé par Céline Hamon
Responsable R&D Biologie Moléculaire Céline, armée de pipettes, de marqueurs et d’une équipe de choc, traque l’ADN des plantes pour en déchiffrer toutes leurs caractéristiques !