Association des sélectionneurs français (ASF) : retour sur 50 ans d’amélioration variétale

Est-il possible de résumer 50 ans d’amélioration des plantes en une seule journée ? C’est le pari qu’a tenté l’Association des Sélectionneurs Français pour son anniversaire, lors de sa dernière assemblée générale en février 2013. Avant la prochaine réunion scientifique du 6 février prochain, petit retour en arrière…

Le dernier bulletin Le Sélectionneur Français vient de paraître. Il réunit l’ensemble des contributions des orateurs présents à cette journée intitulée : « Cinquante ans d’Amélioration des plantes au service de l’agriculture. Bilan, défis et enjeux pour demain ».

Savez-vous que pour la Société, le taux de retour des investissements dans la recherche génétique est compris entre 20 et 26% selon les espèces, alors qu’il n’est que de 10% pour l’ensemble du secteur industriel ? Ces chiffres cités par Daniel Segonds, Président du GNIS, lors de la table ronde, sont issus du complexe travail d’un économiste allemand, Harald von Witzke. Quoi qu’il en soit, ils sont assez valorisants pour les améliorateurs !

Cet anniversaire a été l’occasion, à travers les 8 exposés et la table ronde finale, de faire un point sur la structuration de la filière d’innovation en génétique végétale en France.

L’ASF : qu’est-ce que c’est ?

La journée a commencé par un historique de l’Association créée en 1962 et dont le rôle est de « promouvoir la coopération scientifique et technique dans le domaine de l’amélioration des plantes ». Elle le fait essentiellement à travers l’organisation de journées de rencontres et d’échanges entre sélectionneurs et chercheurs impliqués dans toutes les facettes de la sélection des plantes.

L’amélioration variétale, un secteur dynamique avec des acteurs complémentaires

Inflorescence de colza

Inflorescence de colza

La première partie de la journée concernait l’évolution du contexte de l’amélioration des plantes. Avec les interventions de François Blondon, membre de l’Académie d’Agriculture, et de Christian Huygue, Directeur scientifique adjoint « Agriculture » à l’INRA, nous avons eu une image dynamique de cette évolution : réponse rapide à un besoin de production alimentaire après la guerre, puis évolution vers la prise en compte de demandes sociétales fortes. Les particularités de la recherche et de l’innovation dans le secteur du végétal peuvent expliquer son efficacité à s’adapter à ces changements.

Dans le même temps, l’organisation de la recherche a évolué, avec l’émergence d’un secteur privé de plus en plus concentré et le positionnement de la recherche publique sur les « défaillances du marché », c’est-à-dire les domaines de recherche trop exploratoires ou orphelins (exposé de Aline Fugeray-Scarbel & Stéphane Lemarie, INRA Grenoble).

Un facteur majeur ressort de toutes ces contributions : les biotechnologies ont créé une rupture dans l’organisation du secteur de l’innovation variétale et des études poussées sont menées sur ces aspects, notamment dans le cadre des projets Breedwheat et Amaizing. Cette rupture s’accompagne d’un coût de plus en plus élevé de la recherche et des investissements nécessaires ; comment le gérer ?

Un processus d’innovation en réponse à l’évolution du contexte

Jeunes plants de Prunus

Jeunes plants de Prunus

La deuxième partie de la journée a été consacrée à l’interaction entre les besoins de la production végétale et la sélection.

A travers le Catalogue Officiel en constante adaptation, ces besoins sont pris en compte notamment dans l’évaluation des nouvelles variétés (intervention de François Boulineau & Christian Leclerc, GEVES). La dernière évolution est la prise en compte de la valeur environnementale d’une variété à travers l’évaluation de la valeur agronomique, technologique et environnementale (VATE), notamment en conditions de bas niveau d’intrants. Celle-ci n’est pas encore passée au niveau européen, mais là encore, la France pourrait être motrice.

L’impact de la sélection sur les pratiques de production a été détaillé lors de deux exposés sur les grandes cultures (intervention de Philippe Gate, ARVALIS) et en production fruitière et légumière (contribution de Richard Brand, GEVES et de Jean-Marc Audergon, INRA). Tous ces exposés étaient passionnants et riches d’exemples concrets illustrant l’évolution des structures génétiques des variétés ainsi que des critères de sélection.

La troisième partie était plus technique et a fait le point sur l’émergence des biotechnologies (intervention de Georges Pelletier, INRA) et sur l’évolution des méthodes de sélection (intervention André Gallais, AgroParisTech).

Enfin, la journée s’est achevée par un tour de table rassemblant les acteurs de différentes composantes de la filière : représentants des semenciers, des agriculteurs, des transformateurs, comme les meuniers et des membres du monde de la recherche. Objectif : développer les points de vue prospectifs de différentes composantes de la société.

En conclusion, si une ou plusieurs de ces thématiques vous intéressent, procurez-vous Le Sélectionneur Français n°64 ! Nous ne manquerons pas de vous faire un retour lors d’un futur billet sur le contenu de la prochaine réunion scientifique qui aura pour thème « Modifications de l’expression des génétique et amélioration des plantes : épigénétique et ingénierie de précision ».

 

Crédits Photos : tree green fresh in female hand : © Khorzhevska – Fotolia.com ; Jeunes plants de Prunus et inflorescence de colza : © Expression 
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Ce billet a été rédigé par Manuelle Bodin
C’est avec plus de 15 ans d’expérience dans le développement d’outils de biologie cellulaire pour les sélectionneurs que Manuelle, grâce à son équipe, met en place des solutions techniques adaptées à chaque espèce végétale.