Projet ROBIO : vers une protection intégrée du rosier contre les maladies foliaires

Le rosier est la principale plante ornementale à l’échelle mondiale. Toutefois, sa qualité esthétique peut être compromise par divers ravageurs et maladies. Dans un contexte de réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques, le projet ROBIO a exploré une approche innovante alliant biocontrôle et résistance variétale pour lutter contre les maladies foliaires fongiques. Retour sur ce programme de recherche et ses résultats.
ROBIO a vu le jour dans le cadre du Plan Ecophyto II+, le projet a été financé par l’Office Français de la Biodiversité (OFB). Porté par l’INRAE – UMR IRHS, ce projet a bénéficié du soutien de plusieurs ministères (Transition écologique, Agriculture, Santé et Enseignement Supérieur). L’objectif ? Identifier des solutions alternatives aux produits phytosanitaires pour lutter contre les principales maladies cryptogamiques du rosier : la maladie des taches noires, l’oïdium, le mildiou et la rouille.
Un projet en trois étapes pour évaluer biocontrôle et résistance variétale
Le projet visait à analyser l’efficacité des produits de biocontrôle en synergie avec la résistance variétale. Pour cela, une approche méthodique en trois étapes a été adoptée :
1 – Sélection en laboratoire des produits les plus prometteurs en fonction de leur mode d’action
Dix produits de biocontrôle ont été soumis à des tests approfondis en laboratoire (Vegenov, IRHS) pour déterminer leur mode d’action, à travers :
- Leurs effets directs sur les pathogènes, notamment le parasitisme et l’inhibition de la germination des spores.
- Leurs capacités à stimuler l’expression de gènes de défense des plantes avec la puce qPFD ®.
En parallèle, des essais d’efficacité ont été menés par Vegenov.
À l’issue de cette phase, les cinq produits les plus efficaces (Limocide, Soriale, Fytosave, CL et Trianum) ont été retenus pour la suite des essais.
2 – Validation en conditions contrôlées : interaction biocontrôle x résistance variétale
Cette phase a consisté à tester l’efficacité des cinq produits sélectionnés sur cinq génotypes de rosier, chacun présentant un niveau de résistance génétique différent face aux agents pathogènes ciblés. Pour cela, des protocoles d’infection préexistants ont été utilisés pour la maladie des taches noires et l’oïdium, développés dans le cadre de projets antérieurs (CASDAR Belarosa 2015-2016, protocole interne Vegenov). L’isolement de mildiou n’a pas été possible en raison de conditions climatiques peu favorables pendant le projet, les produits n’ont donc pas pu être testés vis-à-vis de cette maladie. Cependant, une autre maladie, la rouille, a été observée sur plusieurs sites. Un protocole spécifique à la rouille a donc été mis au point dans le cadre du projet ROBIO, afin d’élargir l’évaluation à cette maladie.

Symptômes de rouille sur trois génotypes, montrant des variations dans l’intensité des symptômes en fonction du génotype (source : Vegenov)
Ces essais en conditions contrôlées ont permis d’identifier les combinaisons produits de biocontrôle/variétés les plus efficaces, facilitant ainsi la sélection des solutions les plus prometteuses pour les tests en plein champ. À l’issue de cette étape, seuls trois produits – Limocide (il servira de témoin positif dans la suite des essais suite au retrait du Bion), Soriale et Fytosave – ont été retenus pour être évalués en conditions réelles sur les 5 variétés : Old Blush, Eddy Mitchel, La Garçonne, Paul Bocuse, Chartreuse de Parme.
3 – Test en conditions réelles pour évaluer l’efficacité et la stabilité des produits
Les trois produits sélectionnés ont été testés sur cinq sites présentant des conditions climatiques et des pressions pathogènes variées, dans le but d’évaluer la robustesse et la reproductibilité de leur efficacité à l’échelle nationale.

Répartition des sites expérimentaux pour les essais au champ
Ces essais en conditions de production n’ont pu être réalisés que sur une seule année (2024) et celle-ci a été marquée par une faible pression des maladies. Seule la maladie des tâches noires et sur certains sites la rouille ont pu être observées. Les essais d’efficacité ont donc principalement porté sur la tâche noire, en se basant sur deux critères : la défoliation et le pourcentage de folioles infectées.
L’analyse a mis en évidence un effet du génotype, La Garçonne® étant le moins touché. L’efficacité des produits a, quant à elle, montré une plus grande variabilité en fonction du site. L’efficacité du Limocide a été mise en évidence en conditions contrôlées vis-à-vis de la maladie des taches noires, de l’oïdium et de la rouille ainsi qu’au champ pour la maladie des taches noires.
Une approche méthodologique validée, des résultats à confirmer
Le projet ROBIO a permis de valider une approche méthodologique innovante pour tester l’efficacité des produits de biocontrôle. Cette démarche progressive, allant des tests en laboratoire à l’expérimentation multi-locale sur le terrain, a démontré sa pertinence. Les produits sélectionnés à l’issue des essais en laboratoire ont montré une efficacité prometteuse sur des plantes entières en serre et au champ. Ces résultats, bien qu’encourageants, nécessitent encore une confirmation pour garantir leur robustesse dans des conditions variées.
En parallèle, le projet a mis en lumière l’importance de la résistance variétale dans la lutte contre les maladies foliaires du rosier. La variété La Garçonne®, identifiée pour sa résistance naturelle accrue, pourrait constituer une alternative intéressante pour réduire l’utilisation de traitements chimiques. Les travaux ont également révélé une variabilité génétique significative, soulignant la nécessité de combiner plusieurs stratégies, telles que le biocontrôle et la résistance variétale, pour une protection optimale.
Réalisations pratiques et valorisation des développements réalisés dans le cadre de ROBIO
Les perspectives du projet ROBIO sont particulièrement intéressantes pour le développement de solutions durables de protection de cultures. La puce qPFD®, développée dans le cadre du projet par l’IRHS, représente un outil performant pour analyser l’expression des gènes impliqués dans les mécanismes de défense des plantes. Elle pourra être utilisée pour mieux comprendre le mode d’action des produits de biocontrôle et optimiser leur efficacité.
Par ailleurs, Vegenov a mis au point un pathotest spécifique pour la rouille du rosier, qui vient compléter le pathotest rosier/ oïdium déjà maîtrisé permettant une évaluation standardisée des stratégies de lutte contre cette maladie cryptogamique. Ces résultats invitent à poursuivre les recherches pour adapter ces approches à d’autres bioagresseurs et cultures, contribuant ainsi à la transition vers une agriculture durable et bas intrants.

Auteurs :
Claudie Monot, Protection et Nutrition des Plantes
Juliette Clément, Veille et Recherche Documentaire
Crédits Photos :
Vegenov
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