IHC 2022 : les acteurs mondiaux du végétal spécialisé se retrouvent en France !

Tenu tous les quatre ans, l’International Horticultural Congress (IHC) rassemble les plus grands acteurs mondiaux de la filière fruits, légumes, plantes ornementales, aromatiques et médicinales. Pour sa 31ème édition (IHC 2022), ce sont 2 300 participants en provenance de 90 pays qui se sont retrouvés à Angers entre le 14 et le 19 août. Vegenov était présent à cet incontournable rendez-vous !

La Société internationale des sciences horticoles (ISHS), fondée en 1959, est un réseau mondial regroupant plus de 7 000 membres. Chaque année, plus de 40 symposiums spécialisés sont organisés par cette association afin de faciliter la coopération et le transfert de connaissances en horticulture à l’échelle mondiale. De plus, tous les 4 ans, l’ensemble des 130 groupes de travail se réunissent et proposent, à l’occasion du congrès international d’horticulture (IHC), plus de 20 symposiums, la même semaine.

L’horticulture, qu’est-ce que c’est ?

Le terme « Horticulture », au sens anglo-saxon du congrès IHC 2022 correspond aux domaines dits du végétal spécialisé : les productions fruitières, légumières, les plantes médicinales et aromatiques, la vigne, l’horticulture ornementale et également le secteur du paysage.

L’ISHS reprend sur son site internet la définition de l’horticulture : il est généralement admis que les cultures horticoles comprennent :

  • Les fruits d’arbres, d’arbustes et de vignes vivaces ;
  • Les arbustes vivaces et noix ;
  • Les légumes (racines, tubercules, pousses, tiges, feuilles, fruits et fleurs de plantes comestibles et principalement annuelles) ;
  • Les feuillages, graines et racines aromatiques et médicinales (de plantes annuelles ou vivaces) ;
  • Les fleurs coupées, plantes ornementales en pot et plantes à massif (impliquant à la fois des plantes annuelles ou vivaces) ;
  • Les arbres, arbustes, gazon et graminées ornementales multipliés et produits dans des pépinières pour être utilisés dans l’aménagement paysager ou pour établir des vergers fruitiers ou d’autres unités de production végétale.

La culture de céréales, de légumineuses ou d’oléagineux à des fins alimentaires ou industrielles ; les systèmes de culture de plantes pour la production de fibres (coton, lin et chanvre) et les forêts ou les plantations produisant des arbres pour des produits industriels ne font pas partie du domaine de l’horticulture.

Les systèmes de culture horticole sont le plus souvent spécialisés. Ils sont intensifs en termes d’investissements, de besoins en main-d’œuvre et d’autres intrants et sont souvent (mais pas toujours) confinés à de plus petites parcelles de terre de haute qualité. La culture protégée (par exemple, sous des serres ou des tunnels en plastique) et l’irrigation sont courantes.

Quels ont été les thèmes scientifiques abordés ?

Participants au congrès IHC 2022

Le congrès a été structuré autour de 4 axes :

  •    Compétitivité et compétences pour les filières horticoles,
  •    Alimentation, santé & bien-être,
  •    Systèmes de production et développement durable,
  •    Adaptation au changement climatique.

Ces thèmes ont été largement débattus par les 1 500 intervenants au cours de plus de 800 présentations orales et 1 000 présentations d’e-posters.

De nombreuses présentations étaient centrées sur la génétique et le matériel végétal en horticulture, qui continue d’être une discipline majeure. Ces dernières années de grands progrès ont été faits dans les connaissances des mécanismes génétiques et physiologiques liés à la résistance aux bioagresseurs, mais aussi plus récemment sur les stress abiotiques ou encore la qualité des produits, et ce sur un grand nombre d’espèces végétales. L’essor de cette discipline a été facilité par le développement des techniques de séquençage des génomes, devenues moins coûteuses, et la bio-informatique.

La thématique adaptation des plantes au changement climatique est quant à elle en plein essor. Risque de sécheresse, augmentation des températures ou bien encore stress thermique, tous ces éléments affectent négativement les plantes. Les divers scenarios quant aux changements climatiques envisagés par les experts du GIEC et les actions pouvant être menées en agriculture pour tenter de s’adapter aux changements climatiques et atténuer leurs effets ont été présentées en session plénière par Jean Jouzel et Rachel Bezner Kerr, tous deux responsables d’un groupe de travail du GIEC.

IHC 2022 – Plenary Session : Adaptation to climate changes and effect mitigation – 15 août 2022 – Jean Jouzel et Rachel Bezner Kerr

Les conséquences observées sont une baisse de rendement et une diminution de la qualité des plantes horticoles. Afin d’améliorer la résilience et la robustesse des plantes face au changement climatique, il est primordial de comprendre au mieux les mécanismes de réponses des plantes horticoles aux stress abiotiques.

De nouvelles pratiques agricoles comme l’agriculture de conservation des sols et la permaculture se sont fortement développées au cours de la dernière décennie. Elles font partie des systèmes de production durable et agroécologiques, qui sont considérés comme un levier fondamental pour relever le défi du réchauffement climatique. En effet, ces systèmes de culture plus diversifiés et basés sur les services écosystémiques, peuvent être plus résilients par rapport aux risques climatiques et économiques, et moins dépendants des intrants et ressources externes. La conception de ces systèmes agroécologiques innovants est complexe et exige des connaissances approfondies. Il est donc nécessaire d’adopter une approche systémique globale qui englobe différentes échelles et différents niveaux organisationnels. En raison de la diversité des contextes et des objectifs, des systèmes et des pratiques adaptés (c’est-à-dire dépendant du site) plutôt que standardisés sont au cœur de l’approche.

Culture verticale de laitues

Enfin, la thématique « Villes vertes et durables » a retenu l’attention de nombreux participants. Selon l’ONU, 70 % de la population mondiale vivra dans des zones urbaines d’ici 2050. Le verdissement des villes, est déjà un outil important pour les acteurs comme les urbanistes, les architectes, les paysagistes.

De nombreuses publications scientifiques ont montré l’impact positif de la végétation : atténuation du changement climatique, gestion des eaux pluviales, biodiversité, renforcement du lien social. L’horticulture urbaine a fait l’objet d’un symposium dédié, et la thématique de la sécurité alimentaire durable a été au centre de celui-ci. Les présentations orales portant sur les avancées en agriculture verticale et de l’utilisation des éclairages LEDs ont été suivies par une assistance nombreuse.

Ainsi, ce sont des thématiques très variées qui ont été présentées, et qui concernent la culture de très nombreuses espèces végétales. Les défis scientifiques et sociétaux sont très nombreux, et la dynamique est telle que le prochain congrès, IHC 2026 à Kyoto, sera, nous en sommes surs passionnant !

Sources

https://www.ishs.org/defining-horticulture

https://www.ihc2022.org/

https://www.ihc2022.org/highlights-of-the-congress/

Crédits photos

Bandeau avec les images de plantes horticoles : https://pxhere.com/fr (Licence : CC0 Domaine public)

Culture verticale de laitues : Rob and Julia Campbell/Stocksy – #195681835 – https://stock.adobe.com

Illustration plante/ADN : © Christos Georghiou – Fotolia.com

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Ce billet a été rédigé par Murielle Philippot
Chargée de Projets en Amélioration et Traçabilité des Plantes, Murielle travaille au développement de techniques de culture in vitro permettant d’augmenter la diversité génétique et d’accélérer les programmes de création variétale.