(2) Le biocontrôle au cœur de l’actualité : les acteurs
Le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt (MAAF) et les différents acteurs du biocontrôle se mobilisent activement pour que la réduction significative des produits phytosanitaires devienne une réalité.
Une mobilisation des institutions
Lors du forum biocontrôle qui s’est tenu à la cité des sciences et de l’industrie le 22 avril 2014, le mot d’ordre a été lancé par Stéphane Le Foll, Ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt : « Je souhaite engager notre agriculture sur la voie de la double performance économique et écologique (…) Nous allons faire de la France un leader de l’agro-écologie. »
Pour atteindre cet objectif, il faut mobiliser l’ensemble des acteurs du biocontrôle : agriculteurs, expérimentateurs, chercheurs et politiques et lutter contre les résistances et les idées reçues.
Les aspects clés du développement du biocontrôle sont la recherche et développement, la communication et la formation. En effet, les principes actifs des produits de biocontrôle sont variés et parfois inconnus, et leurs modes d’actions sont encore parfois obscurs. Une utilisation optimale de ces produits nécessite donc un travail important de recherche amont et aval, et une formation pointue des utilisateurs.
Le MAAF pilote notamment l’étude « Substances alternatives en agriculture », qui devrait permettre d’avoir une vision la plus exhaustive possible de l’état actuel des connaissances sur ces substances, et de déterminer les freins et leviers à leur développement. Dans cet objectif, des utilisateurs, des expérimentateurs et des metteurs en marché seront interviewés.
Le MAAF a également mis en place « EcophytoPIC », portail pour « sensibiliser les professionnels du secteur agricole au sujet de la Protection Intégrée des Cultures et ainsi de faire évoluer les pratiques vers une réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques. »
La mobilisation n’est pas uniquement gouvernementale. La presse spécialisée se mobilise également pour diffuser les informations réglementaires et les résultats prometteurs (dossier de la revue Phytoma « bio-contrôle 2014 »).
Par ailleurs, une Académie du Biocontrôle et de la Protection Biologique Intégrée a été créée avec comme objectif la compilation et la diffusion des connaissances théoriques et pratiques sur la protection biologique.
Au niveau international, L’IBMA (International Biocontrol Manufacturers’ Association) est une association professionnelle qui regroupe les entreprises du biocontrôle pour « communiquer, expliquer et faciliter la diffusion de ces produits dans le monde agricole ». Elle offre notamment une « opportunité de réflexion stratégique aux industriels et aux institutions pour répondre aux attentes sociétales et environnementales ».
De nombreux congrès et rencontres professionnelles sont également organisés :
- ABIM (Annual Biocontrol Industry Meeting)
- Natural products & biocontrol
- « 5ème Conférence Internationale sur les Méthodes Alternatives de Protection des Plantes » organisée par l’AFPP
- Etc.
Les acteurs en mouvement
Les produits de biocontrôle représentent un marché estimé à 100 millions d’euros en France en 2013 (5% du marché des produits phytosanitaires). C’est un marché en forte croissance dans le monde et en France (entre 15 et 20 % annuellement).
Les produits de biocontrôle ont principalement été développés par des PME spécialisées. Ces produits ayant des efficacités avérées de plus en plus probantes, le public les plébiscitant et la réglementation leur étant de plus en plus favorable, des grands groupes se mettent au marché du biocontrôle.
La stratégie principale adoptée est le rachat des entreprises ayant développées les produits comme Goëmar (racheté par Arysta), Agraquest (racheté par Bayer), BeckerUnderwood (racheté par BASF), Agrauxine et Agrolevure (rachetés par Lesaffre). D’autres groupes choisissent de faire alliance, comme Monsanto et Novozymes.
Les coopératives ou les laboratoires de recherche se mettent au développement de nouveaux produits, on peut notamment citer les lipopeptides d’origine microbienne (Bacillus subtilis) développés dans le cadre du projet InterregIV « Phytobio », regroupant notamment des universités françaises et belges.
Les pôles de compétitivité se mobilisent également, avec notamment le Plant InterCluster (PIC), qui est un consortium créé en 2011 à l’initiative des 4 pôles de compétitivité du domaine du végétal, Terralia (ex PEIFL), Qualimediterranée, Qualitropic et Végépolys. Le but principal est de générer des projets de recherche et développement collaboratifs. Les troisièmes rencontres étaient organisées à Marseille en 2013 autour du thème « Les bonnes pratiques pour un futur plus vert ». Elles réunissaient 11 « clusters » internationaux venant de 7 pays (Argentine, Belgique, Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal).
Conclusion
En conclusion, les produits de biocontrôle sont en plein essor et sont plébiscités par le grand public. Il est maintenant important de continuer l’effort pour comprendre et optimiser l’utilisation des produits, faciliter leur usage et leur mise sur le marché, bien former et informer les utilisateurs, et établir clairement les critères de définition des produits à faible risque.
Crédits Photos : Little ladybugs with umbrella walking on the grass. © Kletr – Fotolia.com Bacillus subtilis Spore CC BY-SA 3.0