Les biostimulants, un marché prometteur qui se structure
Le marché des biostimulants est en pleine structuration et croissance. Même si à l’heure actuelle, aucune définition ne fait le consensus mondial, le terme de biostimulant a été précisé et le segment de marché concerné mieux ciblé (Pour une définition des biostimulants, lire Les biostimulants : définition, mode d’action et marché). L’arrivée prochaine en Europe d’une réglementation spécifique (2018 ?) apportera un cadre à la mise en marché de ces produits (Pour un point sur la réglementation, lire Les biostimulants : contexte réglementaire). Les efforts de R&D sont importants et les pistes à explorer en termes de nouvelle matière active mais également de mode d’action sont immenses. Une meilleure compréhension de ces produits permettra au marché de se développer sur tout type de cultures ainsi que tout mode de traitement (foliaire, sol et semence). Faisons le point sur ces aspects ainsi que sur le marché actuel et ces perspectives !
Recherche et développement : des produits d’origine très diverses aux modes d’action variés
Les membres de l’EBIC (European Biostimulant Industry Council) investissent de 3 à 10 % de leur chiffre d’affaire dans la R&D. Les champs d’investigation sont vastes et les thématiques de recherche multiples.
Une base de données mise en place par une équipe de recherche russe compile toutes les publications scientifiques portant sur les biostimulants. Une analyse des données de cette base a montré que plus de 7000 différents biostimulants étaient mentionnés dans la littérature scientifique. La majorité d’entre eux sont composés de microorganismes (45%) et de composés chimiques simples (40%).
La figure ci-dessous, reflète le riche éventail de substances dont il est question dans la littérature.
Les champs d’investigation concernant les potentiels effets biostimulants de produits sont également très variés. 1000 paramètres différents ont ainsi été recensés, allant de simples tests d’augmentation de la biomasse à des paramètres plus complexes tels que des changements d’activité enzymatique.
Concernant la tolérance aux stress abiotiques, environ 40 stress différents ont été relevés. Les 4 stress les plus souvent étudiés par ordre descendant sont : le stress salin, le stress hydrique, le stress causé par le cadmium et le stress thermique (froid et chaleur).
Cela ouvre beaucoup de possibilités aux entreprises mais nécessite également de prioriser les efforts pour répondre au mieux aux problématiques terrains.
Un marché en pleine progression
Le secteur des biostimulants s’est développé rapidement, avec des taux de croissance mondiaux consolidés soutenus de l’ordre de 12 % ou plus au cours des cinq dernières années. Cette croissance est liée notamment à une volonté sociétale de réduire l’utilisation d’intrants synthétiques. Elle est liée également à la prise de conscience récente du rôle central du sol et de son microbiome pour l’agriculture.
DunhamTrimmer et New Ag International estiment le marché mondial des biostimulants à 2 milliards de dollars en 2016 et prédisent qu’il dépassera les 3 milliards de dollars en 2020. Cependant, selon ces organismes, un ralentissement de la croissance du marché est à prévoir après 2025, surtout en Europe et aux États-Unis.
L’infographie suivante produite par l’EBIC reprend les principales données chiffrées du marché européen des biostimulants :
En termes de répartition par types de culture traitée, au niveau mondial, les grandes cultures et fruits et légumes représentent 80% du marché (DunhamTrimmer). En France, comme l’indique le graphique suivant réalisé à partir de données recueillies par l’Afaïa (syndicat professionnel des fabricants ou metteurs en marché d’intrants agricoles), les productions spécialisées représentent encore la large part du marché.
Au niveau des types de biostimulants, les produits à base d’acides représentent la plus large part de marché, viennent ensuite ceux issus de processus d’extraction et enfin viennent tous les autres types (dont les produits à base de microorganismes). Selon DunhamTrimmer, les produits à base d’acides ont une part de marché plus importante mais ce segment comporte moins d’innovations produit que les autres. Les produits à base d’extraits croissent plus rapidement et gagnent des parts de marché mondiales. D’autres produits, comme par exemple les produits à base de microorganismes, sont en pleine croissance mais leur part de marché reste beaucoup plus faible. Parmi les biostimulants commercialisés en France en 2015 et 2016, plus de 80% étaient constitués de substances d’origine organique (AFAIA).
Concernant le mode d’application, les traitements foliaires dominent aujourd’hui et continueront de dominer à l’avenir, même si leur part mondiale est un peu en baisse. Les traitements au sol, principalement à base d’acide humique et fulvique, croissent à un rythme similaire à celui des traitements foliaires. Le segment des traitements des semences, quant à lui, croît rapidement car les biostimulants sont inclus de plus en plus souvent dans les enrobages de semences. Malgré cette croissance, les faibles taux de produits utilisés dans le traitement des semences entraînent de faibles volumes de produits (DunhamTrimmer).
Le marché des biostimulants en pleine croissance et structuration est à suivre avec attention ! Nous vous ferons donc régulièrement un retour sur ce dernier dans les années à venir, tant sur les avancées scientifiques que réglementaires et marché.
Sources :
Site de l’Académie des biostimulants : http://www.biostimulants.fr
Site de l’AFAIA : http://www.afaia.fr/
Site de l’EBIC : http://www.biostimulants.eu
BIOSTIMULANT MARKET OVERVIEW – Mars 2017 – 2B Monthly, DunhamTrimmer
Biostimulants: (Almost) all ins and outs from research to market! New AG International – November/December 2017
Billet rédigé par Juliette Clément, Chargée de veille et recherche documentaire à Vegenov.
Crédit photo : Creation of growth. Growth chart drawn on puzzle. Working on puzzle. Reflection squared background. © tadamichi - Fotolia